Il y a des jours comme ça, où je ne comprends plus… Je ne comprends décidément rien à la haine, rien aux conflits, rien au racisme, rien à l’homophobie, rien à la destruction, rien à la guerre, rien à la peur… et je crois au fond, que je n’ai surtout pas envie de comprendre… parce qu’il n’y a rien à comprendre… juste des événements et des états d’être qu’il s’agit pour moi d’accueillir comme d’ombrageuses traversées auxquelles l’humanité est confrontée et continuera à être confrontée, tant que chacun et chacune d’entre nous ne guérira pas en soi ses propres souffrances… A commencer par moi-même… 

Lorsque j’étais plus jeune, je ressentais déjà fortement ce sentiment d’injustice et de non sens face au spectacle de ce que certains humains étaient en mesure de faire subir à d’autres… C’était en pleine époque de guerre froide, de l’apartheid, de la guerre au Vietnam, puis au Liban, des Brigades Rouges, de la famine en Ethiopie, de la catastrophe de Tchernobyl… Alors je signais des pétitions, je manifestais, je militais pour Amnesty International, et je pensais naïvement que toutes ces actions menées à l’extérieur nous permettraient, à nous, jeunesse de l’époque, de créer un monde encore meilleur pour les enfants à venir… Et j’y ai cru encore plus, le jour, où j’ai vu sur l’écran de mon poste de télévision tomber le mur de Berlin… J’en ai pleuré d’émotion !

Quelques jours après la naissance de ma fille, à peine 12 ans plus tard, ce n’est pas un mur que j’ai vu tomber sur mon écran télé : ce sont les tours du World Trade Center… et j’en ai pleuré de désespoir… Je me souviendrai toute ma vie de ce jour funeste où j’ai cru perdre l’illusion que mon enfant grandirait dans ce monde apaisé auquel nous avions tant rêvé… J’ai alors pris conscience que de simples actions extérieures ne suffiraient définitivement pas : c’est par moi-même qu’il me faudrait démarrer… Lutter contre continuerait encore et toujours à entretenir la violence : il me fallait d’abord tenter de trouver une paix intérieure susceptible d’être communiquée à ce bébé de 15 jours que je tenais dans mes bras et qui n’avait besoin que d’amour !

Aujourd’hui, j’éprouve l’étrange sensation que ce schéma se répète encore et encore, et que les modes d’action restent pour beaucoup toujours les mêmes… Pétitions, manifestations, protestations, révoltes… tout ce qui contribue à entretenir violences et divisions entre les humains. Et en même temps, je sens néanmoins que tout est en train de changer ! Ou alors est-ce moi qui change ? Je ne saurais dire… Tout mes ressentis sont de l’ordre de l’indicible, de l’intuitif, de ces états d’être profonds qui savent déjà qu’aucun retour en arrière n’est possible, que malgré tout ce que je lis de l’état désespérant du monde, il y a une puissance de vie incommensurable qui est en train d’émerger des entrailles de la Terre ! La jeunesse d’aujourd’hui possède une conscience bien plus vaste que celle d’hier quant aux enjeux auxquels elle a à contribuer… Bien sûr, il reste encore un « ancien » monde replié sur lui-même, évoluant dans la peur de « perdre », de ne plus trouver de place, convaincu qu’il est d’être éternel et dans l’illusion qu’il possède quoi que ce soit sur cette terre… Et il est indispensable de continuer à l’entendre… 

En fait, il me semble que l’urgence est dans la prise de conscience que rien, absolument rien ne nous appartient ! Y croire, c’est encore entretenir « l’ancien »… J’éprouve une immense compassion pour tous ceux aujourd’hui qui restent encore dans la haine, la division, le rejet de l’autre : finalement, tout ceci ne serait-il pas un immense cri de désespoir quant à leur incapacité à trouver une « juste » place dans le monde ? Si je me sens accueilli, accepté, aimé pour qui je suis, ai-je l’élan d’aller hurler ma violence ?

Une autre voie est possible : celle du coeur… La seule qui n’ait jamais vraiment été tentée… De plus en plus de gens y travaillent et cette énergie commence tout juste à irradier dans le monde. C’est un processus long bien sûr dont je ne verrai peut-être jamais les effets : c’est ainsi ! Je ne suis que de passage… Je crois dans le pouvoir de l’amour, dans l’élargissement de la conscience de chacun d’entre nous, je crois en la jeunesse : beaucoup de jeunes d’aujourd’hui ont déjà intégré l’idée que ce n’est pas en faisant le plus de bruit qu’on parvient à se faire entendre… Le silence est bien plus puissant ! Oeuvrer dans l’ombre afin qu’émerge la lumière…

Ce qui se prépare dans l’invisible est une vraie promesse de lendemains chantants… 

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La sorcière littéraire

Messagère du vivant 💫🧙🏻‍♀️✒️- Exploratrice de l'invisible ❤️ - Collectionneuse de chouettes 🦉

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